Un commerce équitable accessible et créateur de liens

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Manifeste International pour la sauvegarde des oasis et la vie oasienne !

UN COMMUNIQUE DU RADDO (Réseau de développement durable des Oasis) à diffuser largement !

A Zarzis – Djerba, le 23, 24 et 25 mars 2013 

Les 110 participants de la Rencontre Internationale pour la Sauvegarde des oasis «Terres et vies oasiennes au
défi du changement climatique » 23 et 24 mars 2013 à Zarzis sous l’égide du Réseau Associatif de Développement
Durable des Oasis – RADDO – et représentants de mouvements de la société civile et d’associations de développement
et d’environnement, agriculteurs, scientifiques, collectivités locales, représentants d’administrations publiques nationales,
de responsables de coopération au développement , de bailleurs de fonds et d’organisations multilatérales du système
des Nations Unies originaires de 15 pays, ont engagé un dialogue multi-acteurs et partagé leurs expériences,
préoccupations et propositions pour des oasis et des modes de vie oasiens viables.
Leur constat est sans appel face aux menaces d’une gravité extrême qui pèsent sur les écosystèmes oasiens et leurs
populations avec le risque élevé de leur disparition à l’échéance d’une vie humaine. Les participants estiment que la
situation peut être caractérisée de catastrophe lente de forte intensité comparable dans ses effets de seuil et ses effets
retard à ceux d’un séisme avec risque de destruction irrémédiable des habitats, de l’écosystème et des modes de
vie oasiens.
Les participants s’insurgent contre cette tendance et refusent cette fatalité, tout comme ils condamnent fermement les
actions illicites commises sur les palmiers et le puisage de l’eau.
Les crises de l’eau, crises économique et sociale, crise de gouvernance, crise de la biodiversité, crise climatique, crise
foncière et leurs effets multiplicateurs, exercent une pression désormais insupportable sur les oasis et leurs
populations. A ces risques s’ajoutent désormais des menaces phytosanitaires nouvelles et mortelles telles que
l’irruption du charançon rouge alors que certaines menaces anciennes comme le bayoud responsable de la destruction de
millions de palmiers ne sont que mal maitrisées.
Les participants rappellent que les oasis situées en zone aride et hyper aride font face depuis des siècles aux
contraintes climatiques et on su s’adapter aux changements. Elles constituent à cet égard des sentinelles avancées
sur le front de la désertification et de la dégradation des terres et du vivant et à l’interface des grands accords
multilatéraux de l’environnement qui engagent les états. Elles sont des jalons sur d’immenses espaces arides souvent
peu peuplés où elles contribuent sérieusement à la sécurité alimentaire. Elles constituent des couloirs de migration
écologique et hébergent une biodiversité globale et endémique précieuses dont une partie seulement est recensée par la
science. Elles constituent le chaînon manquant qui relie le début de l’histoire des échanges commerciaux au marché
global. Les oasis constituent des systèmes ingénieux du patrimoine mondial.
Ainsi, les participants estiment que les oasis sont des laboratoires encore vivants disposant d’une expertise de
développement durable dans ses dimensions économique, écologique, sociale mais aussi culturelle et de leur propension
à s’adapter depuis des millénaires.
Ils lancent un appel insistant pour :
L’ouverture d’un dialogue multi-acteurs et participatif aux échelles nationales et internationales en vue de la mise
en place de politiques publiques appropriées et cohérentes de sauvegarde des oasis. En particulier, ils appellent au
décloisonnement des approches sectorielles inadaptées à la complexité des écosystèmes oasiens.
Concernant l’agriculture, celle-ci est constitutive de l’existence même des oasis et ne doit en aucun cas être traitée
seulement à travers l’angle réducteur d’un système de production mais, au contraire, via sa multifonctionnalité et les
services rendus à l’écosystème comme au système social dans son ensemble.
Concernant l’eau et face à la tendance croissante à la raréfaction de l’eau disponible et à défaut de pouvoir accroitre
la ressource par des moyens durables, les seules voies crédibles qui s’imposent pour le maintien des oasis, doivent
désormais être orientées vers l’économie d’eau sous toutes ses formes et l’arbitrage sur ses usages. Ces
www.raddo.orgorientations sont à considérer au niveau du territoire, comme au niveau de l’écosystème oasien et de la parcelle, mais ne
peuvent pas faire l’économie d’un réexamen courageux de l’articulation et des arbitrages entre intérêt général et
intérêt particulier.
Au sujet de l’économie oasienne, les participants regrettent que les productions oasiennes agricoles, artisanales, ou
encore touristiques actuelles, ne génèrent pas un revenu suffisant pour rémunérer le travail des oasiens. Les
tendances néfastes à l’urbanisation des espaces internes et à l’abandon des oasis, notamment par les jeunes générations,
sont des menaces croissantes ceci alors que les terroirs oasiens offrent un important potentiel de productions
originales de qualité, à la condition de construire des schémas de valorisation qui préservent les spécificités
agronomiques, économiques, sociales et culturelles des oasis. Cela suppose de ne pas penser la valorisation sur un
ou deux produits, mais de tous les produits et services potentiels offerts par les oasis, y compris via des nouvelles
formes de lien aux consommateurs proches et distants. Des initiatives de valorisation réussies existent déjà ; il faut
favoriser le partage d’expériences. Pour mener à bien ce processus il faut aussi favoriser l’émergence au sein même des
oasis, d’entreprise privées et coopératives sur des modèles d’entreprenariat à finalités économiques et sociales.
Concernant la science, les participants estiment urgent que la recherche soit mise en phase avec les nouveaux défis
présents et futurs. C’est pourquoi les participants appellent la recherche à adopter une nouvelle approche en s’orientant
vers des modèles participatifs, transdisciplinaires, collaboratifs en soutien aux initiatives des acteurs de terrain.
Pour cela des alliances entre les différents acteurs sont nécessaires à la fois comme contributeurs à la définition des
questions de recherche et pour leur mise en œuvre et avec une orientation vers l’application des résultats.
Face à ces constats, les participants estiment que des solutions existent. Ils s’engagent ainsi d’ores et déjà à prendre
leurs responsabilités et mettre en œuvre des actions concrètes, à court et moyen terme, rassemblées dans une
feuille de route. Ceci pour permettre, collectivement, d’amorcer la transition vers des oasis viables pour tous et inscrire
chez les habitants un sens bien développé de l’écocitoyenneté.
Les participants adressent ce manifeste comme une alerte sérieuse et pressante aux décideurs, bailleurs de
fonds et institutions nationales et internationales ainsi qu’à l’ensemble des acteurs, sur leur responsabilité dans
la sauvegarde des oasis telle que mentionnée dans la déclaration des états de RIO+20.


08/04/2013
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